Alors que les subventions publiques de la culture sont en chute libre, une semaine de mobilisation de la filière a débuté hier, avec pour acmé une manifestation nationale prévue ce jeudi 20 mars.
La France de la culture a peur. Dans un pays soit-disant développé où, pourtant, la défense et la sécurité prennent le pas sur la culture et l’éducation, les artistes et les créatif·ve·s sont aujourd’hui laissé·e·s pour compte. Selon une enquête des journalistes de Télérama Olivier Milot et Rémi Guezodje, parue hier, le budget du ministère de la Culture baisse, en 2025, pour la première fois depuis dix ans. Il ne représente plus que 0,6 % du total des dépenses de l’Etat.
Dans le même élan mortifère, les régions et les départements ont drastiquement réduit leur soutien au secteur culturel. D’après les deux journalistes, « neuf des dix régions métropolitaines qui ont déjà adopté leur budget pour 2025 ont voté des crédits en baisse dans des proportions parfois inquiétantes : – 73 % pour les Pays de la Loire, – 22 % en Aquitaine ou encore – 20 % en Île-de-France. »
Au niveau inférieur, le département de l’Hérault, tenu par le socialiste Kléber Mesquida, se distingue par la suppression pure et simple des subventions aux associations culturelles. Ce désengagement massif des hautes strates publiques fait craindre une précarité encore plus grande pour les professionnel·le·s des arts et du spectacle et les structures culturelles, déjà mis·e·s à mal par des années de stagnation des aides, et plus récemment, par la poussée de l’inflation. A toutes fins utiles, rappelons que les communes et les intercommunalités concentrent environ 80 % des dépenses culturelles – les régions contribuant à hauteur de 8 % et les départements 12 %. La responsabilité de la survie du monde de la création est donc partagée.
Dans ce contexte de haute tension, le collectif Formes des luttes, qui agrège des créations graphiques au service des luttes politiques et sociales, est passé à l’action. Après un dernier appel à images en juin 2024 pour faire face à la montée de l’extrême droite, Formes des luttes remet le couvert en ce mois de mars, sous l’intitulé « Nos cultures, nos communs ». Voici un extrait du manifeste publié sur le site du collectif :
« Les attaques que subit aujourd’hui le champ culturel, tant du coté des travailleur·euses dans leurs moyens que des publics dans leur accès, sont dans la continuité des attaques portées aux autres secteurs publics, par essence « non rentables » car dédiés à l’utilité publique et au bien-être des citoyen·nes. Ils portent les enjeux d’une société qui veut s’organiser collectivement dans le souci de répondre aux besoins de tous·tes, et notamment des plus fragiles. Ce sont des biens communs qui construisent une société de partage.
Nous sommes des faiseur·euses d’image. À ce titre, nous faisons partie de ce tout culturel qui se mobilise aujourd’hui dans des assemblées générales partout en France. Rassemblons-nous, diffusons partout nos idées et nos images ! Manifestons-nous, transformons nos colères en luttes ! »
Des affiches en accès gratuit sont d’ores et déjà disponibles sur le site de Formes des Luttes, prêtes à être imprimées et collées sur tous les murs de France.
Visuel (c) Bruno Charzat
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